TOUR du massif de la BRENTA – 13 au 19 Août 2006-08-25


500m de gaz...çà c'est de la rando !!

Bon c’étaient de simples vacances…et je ne fais pas de compte rendu dans ce cas… mais à la demande générale, voici quand même un petit récit.


Samedi 12: Voyage en voiture : c’est loin les DOLO : 1160 kms presque entièrement en Autoroute en passant par Bale et Innsbruck : on traverse toute la Suisse puis une partie de l’Autriche…100km/h total de 13h 40 de conduite Ouf !!! Nous arrivons juste pour manger à l’hôtel Italo (très sympa) à Madonna di Campiglio (à ne pas confondre avec San Martino di Castrozza où j’avais réservé un refuge : quand même situé à 150kms de Madonna !!!)


Dimanche 13: cool (seulement 4h10 avec 1775m+ et 450m-) : matin réservé aux emplettes de dernières minutes (des gants d’hiver par exemple car il caille : il a neigé vers 2000m et la météo ne promet rien de bon pour la semaine qui vient !!)

Bus pour Malè situé à 700m d’altitude : pas question de démarrer cette rando de Madonna qui est situé à 1500m ! et encore moins question de prendre le téléphérique comme certain(e)s l’ont évoqué ! C’est une organisation MTA !!!

Bonne petite montée de 3h pour arriver au refuge Peller à 2000m. Comme prévu nous mettons 3h sans se presser.. en mangeant de grosses framboises sur le chemin…Parti avec le soleil nous arriverons sous la pluie. Mais cela n’empêchera pas les plus courageux de repartir pour un petit entraînement KIMM : le Mont Peller (2300m) est tout proche aussi avec Denis et Dom nous nous élançons : pas de carte, pas de nourriture hormis quelques bonbons, pas de veste de pluie pour Denis…la totale pour avoir un problème car la météo n’est pas bonne et il n’est pas exclu de se retrouver dans le brouillard, perdus dans les alpages sans abri, bouffe, carte,…Vraiment des parisiens quoi ! D’ailleurs vu l’allure d’enfer menée par Denis je ne tarde pas à voir des étoiles et à frôler le malaise (hypoglycémie + altitude !)

Le sentier passe par un endroit un peu vertigineux, avec un câble et Denis semble vraiment très mal à l’aise: cela me rassure de voir qu’il a un point faible … mais cela m’inquiète pour la suite…Je me dis qu’il ne passera jamais la Bochette Alte (via ferrata TD avec un MAX de gaz !!!).

Le soir pas de douches : elles ouvrent à 20h !


Lundi 14: une grosse journée pour entrer progressivement dans le cœur du massif. J’avais trouvé plus sympa l’idée de cette longue marche plutôt que de monter directement par le téléphérique de Madonna comme nous avions fait en 2003. Les topo annoncent dans les 10h de marche. Je pense donc que c’est réaliste en 7à8h. En final c’est Frédérique qui aura raison et nous mettrons 10h (arrêts inclus). 

       

Nous avons le choix entre deux itinéraires : le plus beau passe sur des crêtes à 2900m et comporte des passages équipés. Malheureusement la météo est mauvaise et on risque d’avoir de la neige en haut ! Après une montée plus ou moins dans les nuages jusqu’à un col à 2500m où nous marchons déjà pas mal dans la neige il nous faut choisir le bon itinéraire…difficile…surtout que la météo a l’air de s’améliorer. Finalement la raison l’emporte et nous optons pour un itinéraire moins en altitude. Sur les crêtes, je crains surtout de perdre l’itinéraire à cause de la neige : là haut avec du brouillard ça peux vite devenir galère ! Et il n’y a pas d’ »échappatoires ». Heureusement l’itinéraire du bas n’est pas de tout repos : sentier très étroit et très casse-guelle (limite dangereux sans équipements) puis une forte montée dans un pierrier avec O surprise une belle via ferrata qui descend un ressaut vertical de 100m. 

Je suis super content dans ce passage.. Denis par contre n’a pas l’air d’apprécier des masses : « c’est pour les p’tites frappes ce truc » répète t-il sans arrêt d’un sourire crispé.

Ensuite il nous faut remonter un long vallon jusqu’au col… et redescendre sur le refuge Graffer. C’est long et l’hypogligli guette. Denis porte le sac de Fredérique mais refuse de porter le mien !!!

Total : env 9h de marche 1675+ 1415-


Mardi 15: Grand beau ! 


 

ah ces vires !!!

Quelle chance car nous attaquons les choses sérieuses avec le sentier Benini (via ferrata PD dans de grandes vires avec un beau gaz). C’est superbe mais malheureusement un peu court d’autant que je raccourci par erreur la fin en évitant le passage le plus impressionnant : la raide descente équipée sur la brèche Tuckett. J’enrage !!!

Pas terrible côté « sport » : env 5h de marche cool et 1100m+/-

Mercredi 16: Jour le plus dur avec la Bochette Alte: mais il pleut !! Même fort..très fort...Conseil de guerre dans la salle de resto du refuge où nous glandons jusqu’à midi. Certain(e)s proposent des trucs totalement hérétiques comme de retourner prendre une chambre d’hôtel à Madonna…Je prend çà pour de l’humour et réussi à sauver la situation en décidant d’inverser le parcours des jours suivants afin de nous laisser le maximum de chances d’effectuer la Bochette Alte à la fin.. ;en espérant un meilleur temps.

prêts pour le pire...

L’objectif est donc juste le sentier SOSAT jusqu’au refuge BRENTEI. Profitant d’une accalmie nous nous habillons un max et partons en deux groupes : un groupe assure en passant par le bas, un autre par le sentier SOSAT (Dom, Denis, S et moi). Je suis agréablement surpris de la décision de Denis qui semble décidé à faire le programme malgré son appréhension du gaz ! Le passage de la brèche du sentier SOSAT est super : passage soutenu et très austère constitué d’une succession d’échelles plongeant dans le vide…je regrette juste que nous soyons dans la brume car le gaz doit être appréciable ici :-) La dernière échelle totalement verticale remonte sur 30m : pas évident avec les sacs à dos.

     

sur la brèche !

Total de 3h40 avec les pauses 400+ 500-


Jeudi 17: Le beau temps est revenu mais les prévisions ne sont pas optimistes. Il nous faut donc aller fissa. Départ matinal pour remonter le « sentiero alpinistico Martinazzi » : Moraine puis glacier (pas dur et peu pentu, pour frimer je le passe sans bâton ni crampon) puis petite escalade jusqu’à la brèche. Avec le soleil c’est vraiment magnifique…on se croirait en train de faire de l’alpinisme !!!

   

Descente rapide jusqu’au refuge des 12 Apôtres pour manger.. le temps se couvre et je met la pression sur le groupe pour ne pas tarder car il nous faut absolument passer une brèche à 2800m (brèche des deux dents) pour redescendre la via Ferrata Castiglioni (D).

Cette longue descente se passera super bien malgré un groupe d’italiens qui vont nous casser les oreilles tout le parcours !! Là aussi Denis évite le pire car nous sommes complètement dans les nuages…Quel dommage car je sais qu’ici le vide est au rendez vous ! Se souvenir de l’échelle du début qui devient progressivement verticale puis carrément en dévers !!! et aussi de l’avant dernière grande échelle qui bascule gentiment du côté du vide !

du beau gaz !

Total de 6h 1330+ 1130-


Vendredi 18: le temps n’est pas sûr : nuages accrochés…on ne sait pas trop comment cela va tourner…Aussi nous nous séparons en 2 groupes. Un 1er groupe assure en prenant par un sentier de moyenne altitude Cependant que Vincent, Dom, Denis, S et moi prenons l’option a haut risque : le sentier Brentari : remontée du glacier d’Ambiez et passage d’une brèche à près de 2900m. 

Assez vite comme le dit Denis « c’est chaud » : traversée du glacier dans le brouillard, la pente d’intensifie et en cas de chute on ne sait pas trop où la glissage risque de nous mener…A tel point que je décide de mettre mes mini crampons achetés pour l’occasion. Seul le grand Dom fera tout sans bâton ni crampon mais il reconnaîtra par la suite que c’était « n’importe quoi » !

      

Ensuite passage d’une rimaye pour attaquer une via ferrata assez flippante au début : raide sur des parois bien lisses, pas trop d’assurance (le bout du câble qui pendouille avec la rimaye par dessous…je n’aime pas trop ce genre de truc. Ensuite longue remontée équipée, malheureusement encore totalement dans les nuages. La fin le soleil revient et nous redescendons sur le refuge Pedrotti Tosa en profitant de magnifiques vues sur les immenses parois de ce massif. Nous rejoignons l’équipe 1 avec une heure de retard (4h au lieu de 3). La suite est splendide : C’est la bochette Centrali : de longues vires hyper vertigineuses, un vide énorme et magnifique : un de mes meilleurs souvenirs dans ce massif. Denis serre les dents et crie de soulagement lorsqu’il peux enfin ce détacher de ce câble maudit.

 

     

Total 6h 1200m+ 1000m-. Nuit au magnifique refuge d’Alimonta à 2600m


Samedi 19: dernier jour :-( mais normalement le plus dur et donc le plus beau avec la fameuse Bochette Alte qui passe à près de 3000m. Malheureusement, et malgré les prévisions météo, le temps n’est toujours pas au top : couvert, beaucoup de nuages mais la couverture est très haute. Au refuge ils nous déconseillent d’y aller…En insistant cela semble peu dangereux…juste risque de pluie et risque faible d’orage. Je prend la décision de le faire quand même. Là encore notre groupe se divise en deux : certains vont descendre sur Madonna en prenant le sentier SOSAT, histoire d’avoir du temps pour du shopping l’après midi (drôle d’idée) Et les autres (Dom, Denis, S et moi) partons pour le « bouquet final ». D’autant plus que Denis a dégotté en lisant mes guides une variante d’accès que je ne connais pas : la ferrata Detassis comportant une série d’échelles « vertigineuses », nommées l’ »échelle des dieux ». J’avoue ne pas être rassuré car je n’aime pas l’imprévu dans ce domaine :-)

Nous remontons une moraine puis un petit glacier entièrement recouvert de caillasses jusqu’au départ de la via ferrata. C’est déjà dangereux car le terrain est totalement instable (toutes les pierres se barrent et glissent sur la glace). Je dois même sortir ma corde pour assurer l’accès au départ. Au dessus de moi j’aperçois avec horreur une paroi en dévers avec une échelle qui semble également être en dévers sur bien une dizaine de mètres. Je flippe à mort. Denis comme à son habitude est parti devant suivi par Dom. Je l’entend souffler preuve que le gaz est bien présent… Il me crie même « Michel, tu sais, je te promet de pas te charrier si tu n’y va pas »….gloups !

J’hésite à y aller et propose même à Sylvie de laisser tomber. Elle n’est pas d’accord « c’est juste une échelle ! » 

Tu parles !!!! Enfin je me lance quand même dans la paroi pour aller voir de plus près…

Départ déjà balisant car pas d’assurance sur 5 mètres avant d’atteindre le premier barreau où il est possible de se vacher ! comment redescendre de là si je coince au dessus ??

Heureusement pour moi, en se rapprochant de cette « échelle des Dieux » elle semble tout à coup plus vraiment en dévers mais « seulement » très verticale. J’ai quand même du mal à me placer dessus car il faut se reculer en plein vide. Je dois m’y reprendre à 2 fois pour oser commencer à la gravir. Une des mes plus belles balises en montagne quand même !!!


Ensuite il y a une somptueuse succession d’échelles toujours verticales mais moins balisantes. Le gaz est toujours au top et c’est vraiment super !

Arrivés sur la crête nous rejoignons le parcours normal de la Bocchette Alte. Beaucoup de parcours de petite escalade, une brèche avec une grande échelle de 40m à descendre mais rien à voir avec l’échelle des Dieux.

La météo commence à menacer et nous flippons un peu d’autant qu’un guide rencontré en sens inverse nous conseille de terminer rapidement !

La traversée du couloir enneigé n’est pas très dure cette année car la neige a beaucoup fondu. C’est quand même un grand moment car l’ambiance est au rendez vous dans ce couloir humide et très raide où les chutes de pierre sont fréquentes.

     

sale ambiance ici ! 

Nous terminons finalement au bout de 5h ce parcours qui est donné pour 4 à 6. Denis est super content d’en avoir fini avec ce gaz. Je le félicite de sa persévérance !

Je me rappelle son état lors de notre escapade au Mont Peller…et 5 jours plus tard il s’est tapé l’« échelle des Dieux » ! Bravo à lui !!!


La descente sur Madonna nous ramène peu à peu à la civilisation :

D’abord le glacier Tuckett peu pentu et plein de cailloux, évitant ainsi d’utiliser les crampons, puis sentiers dans les alpages puis dans les forêts de Mélèzes, bientôt des voitures.. et enfin la ville ! c’est la fin :-(

Total de 7h30 sans les arrêts, 960m+ et 2000m-